Tim Wellens se confie: "On va résoudre mon problème lié à la chaleur"
- Publié le 19-12-2017 à 06h44
- Mis à jour le 19-12-2017 à 11h04
Le puncheur a reçu des signaux positifs pour son adaptation au soleil. Le cyclisme belge se porte bien. Avec ses deux grands leaders, Philippe Gilbert et Greg Van Avermaet. Mais aussi avec une relève de coureurs prometteurs. Dont l’incontournable Tim Wellens qui, à 26 ans seulement, compte déjà douze succès en World Tour. Une belle prouesse pour un coureur qui n’est pas un sprinter.
Tim, vous êtes en phase de préparation de la saison 2018. Quels seront vos objectifs principaux l’année prochaine ?
"Je vise dans un premier temps un bon début de saison. J’espère être bien dès le Circuit Het Nieuwsblad et dans la foulée, à Paris-Nice. Après, il y a les classiques ardennaises, qui me motivent toujours et pour lesquelles je veux être à 200 %. Je veux enfin y faire un résultat. Je mettrai ensuite le cap sur le Tour d’Italie, où je viserai une victoire d’étape. Et comme toujours, j’espère une belle fin de saison."
Il n’y aura donc pas de Tour de France pour vous en 2018…
"Non, parce que je veux retourner au Giro , qui m’a toujours laissé de bons souvenirs. Cela a été mon premier Grand Tour (en 2014) . Lors de cette première participation, cela s’était bien passé. Je m’étais classé deux fois deuxième et septième d’un chrono en montagne. Deux ans plus tard, j’ai gagné une étape. Cela se passe donc toujours assez bien et cela me motive d’y retourner. Et puis, le Giro est différent du Tour. En France, ce sont les touristes qui vont voir la Grande Boucle. Au Giro , ce sont surtout les passionnés qui y vont. Même si j’ai bien conscience qu’une victoire d’étape au Tour de France est dix fois plus importante qu’un succès d’étape au Giro ."
L’attaque sera toujours votre tactique ?
"Oui. Sur le Giro , la victoire d’étape sera mon objectif. Et c’est plus facile pour moi de gagner en partant dans une échappée. Si on a gagné une étape en se montrant le plus fort d’un groupe d’échappés ou si on s’impose en battant tout le monde à la pédale, à la fin, tout ce qu’on retient, c’est la victoire. C’est gagner qui compte."
Que pensez-vous de la diminution du nombre de coureurs par équipes, notamment sur les Grands Tours ?
"J’ai un double avis. D’un côté, je suis content, car avec un coéquipier en moins, ce sera mieux pour les attaquants comme moi, car le peloton pourra moins contrôler. Mais d’un autre côté, je suis triste aussi par rapport à cette décision, car cela a comme conséquence qu’il y a moins de coureurs pros."
Avez-vous des nouvelles concernant vos problèmes liés au soleil ?
"Nous n’avons pas encore de certitudes. J’aurai prochainement un nouveau rendez-vous pour en savoir plus. Mais on commence déjà à comprendre ce qu’il se passe. Et à s’adapter. Comme je l’ai fait en Chine, au Tour de Guangxi, où il faisait aussi chaud et où je suis parvenu à gagner. Et même à avoir un nouveau record de puissance. Je crois donc qu’on va résoudre le problème."
"Je ne sais pas où sont mes limites"
Cette saison, Tim Wellens a battu son record de victoires sur une année.
Tim, Marc Sergeant vous a comparé à un boxeur. Vous pouvez être K.-O. comme vous l’étiez au Tour pour ensuite rebondir comme vous l’avez fait en fin de saison…
"Si je me suis relevé, c’est aussi parce que je n’ai pas le choix ! Je savais très bien que jusqu’au Tour de France, ma saison n’était pas super. Je devais faire mieux, je devais rebondir, c’était une nécessité."
Vous l’avez fait en fin de saison. Une période qui vous convient toujours. Pourquoi ?
"La fin de la saison, c’est beaucoup dans la tête qu’elle se joue. Il faut savoir continuer à s’entraîner, savoir rester motivé. Continuer à faire de longs entraînements comme je l’ai fait avant le Tour Guangxi, et cela a payé en Chine, par exemple."
Vous estimez avoir progressé ?
"J’ai gagné plus souvent en 2017 que les années précédentes (NdlR : sept victoires UCI contre quatre en 2016, trois en 2015 et deux en 2014) . C’est un signe que je progresse. Mais il n’y a pas qu’aux victoires que je peux dire ça. Je le vois aussi à mes tests. J’ai plus de puissance, plus de watts. Je sens que j’ai fait un pas en avant. C’est d’ailleurs mon objectif chaque saison. Continuer ma progression, franchir un nouveau cap à chaque fois."
Où sont vos limites ?
"Je ne sais pas. Je ne sais pas où se situent mes limites. J’espère continuer à progresser chaque année comme l’a fait par exemple un Greg Van Avermaet. Qui n’a finalement gagné de très grandes courses que récemment, un peu avant la trentaine. Je suis encore jeune par rapport à lui."
Mais vous avez déjà gagné de belles courses…
"Oui, je suis content, je n’ai pas à me plaindre; j’ai de belles épreuves à mon palmarès. Dont plusieurs World Tour . Mais dans le World Tour , il y a plusieurs niveaux. Il y a une différence entre le Tour de Pologne et Paris-Nice, par exemple. J’aimerais franchir le pas, aller un cran plus haut. Mais je ne pense pas que ce sera pour 2018."
En fin de contrat pour la première fois
Tim Wellens sera en fin de contrat à l’issue de la saison 2018. Et sera certainement très courtisé. "Ce sera la première fois de ma carrière que je serai dans cette position", commente-t-il. "Je ne sais pas où sera mon futur. Parfois, cela peut être intéressant de sortir de sa zone de confort. Mais je ne veux pas oublier toute l’aide que Lotto-Soudal m’a apportée jusqu’à présent dans ma carrière. Ce qui est certain, c’est que si deux équipes me proposent la même chose d’un point de vue sportif, je donnerai encore ma préférence à l’équipe Lotto. Et ce qui est certain également, c’est que je préfère gagner moins d’argent mais être leader d’une équipe plutôt que l’inverse."
Une approche modifiée des Ardennaises
Le Belge revient aussi sur son choix de faire le Nieuwsblad.
Tim, vous avez surpris en annonçant votre participation au Circuit Het Nieuwsblad . Ce choix vient-il de vous ?
"Oui. Je l’ai proposé. Et je suis arrivé dans l’équipe à un niveau qui me permet d’obtenir ce que je demande… Concernant ce Circuit Het Nieuwsblad , c’est un choix. L’an passé, je trouvais que je n’avais pas pu profiter de ma forme dans la foulée de la Ruta Del Sol (NdlR: deux fois à Majorque, une fois à la Ruta Del Sol) . Je cherchais donc une solution, avoir une belle course à cette période qui me convient bien. Et comme le parcours du Nieuwsblad a changé et qu’il emprunte le tracé de l’étape flandrienne de l’Eneco Tour, avec le Mur de Grammont, que j’aime bien, et le Bosberg, que j’aime un peu moins, je me suis dit que cela pourrait être intéressant pour moi d’essayer d’y faire quelque chose. C’est motivant. Et je suis curieux de voir ce que cela va donner."
Il y aura d’autres changements à votre programme ?
"Je vais toujours débuter au Challenge de Majorque. C’est idéal pour commencer. Mieux que l’Australie, pour moi, car, au Tour Down Under , il y a déjà une pression. Et le Tour de San Luis, en Argentine, cela me paraît un long déplacement juste pour une course de préparation. Je ferai donc Majorque, Ruta Del Sol, le Nieuwsblad et Paris-Nice. Pas Tirreno, que je n’aime pas. Je ne ferai donc pas les Strade Bianche. Cela a été un choix difficile, car j’aime beaucoup cette épreuve, mais je tenais à disputer Paris-Nice et combiner les deux était peut-être un peu trop. Après, je vais modifier mon approche des classiques wallonnes."
Comment ?
"Je ferai le Tour de Catalogne mais je ne ferai plus le Tour du Pays basque. À la place, je ferai une préparation spécifique, derrière scooter, qui est pour moi le meilleur entraînement. Je veux être à 200 % sur les classiques wallonnes."
Avec le recul, laquelle préférez-vous : l’Amstel, la Flèche ou la Doyenne ?
"Chaque année je réponds quelque chose de différent (rires) ... Disons que j’ai une connexion particulière avec la Flèche wallonne et avec Huy. Que Liège-Bastogne-Liège est un monument et la plus importante, mais aussi la plus dure. Et que l’Amstel Gold Race me tient aussi à cœur car je n’y suis pas passé loin de la victoire, que j’aime les courses de placement."